Le Temple de Bayon, situé au cœur d’Angkor Thom dans le parc archéologique de Siem Reap, au Cambodge, représente une véritable merveille architecturale de l’époque khmère. Construit à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, il est célèbre pour ses nombreuses tours ornées de visages souriants. La richesse de ses décorations et la complexité de son architecture en font un incontournable pour quiconque visite la région d’Angkor. Passons en revue les traits distinctifs, l’histoire et les mystères entourant ce temple fascinant.
Une architecture baroque dans un contexte Khmère
Dès que vous franchissez les portes d’Angkor Thom, le temple de Bayon s’impose avec ses tours massives ornées de visages souriants. Ces figures, partiellement enveloppées par la jungle environnante, semblent observer les visiteurs. Avec ses visages mystérieux, Bayon est souvent décrit comme l’expression la plus frappante du style baroque khmer, contrastant nettement avec le style classique d’Angkor Wat.
Le temple est composé d’une série de terrasses et de galeries concentriques, toutes orientées vers l’est. Les entrées, flanquées de lions en pierre et bordées de balustrades naga, renforcent l’impression d’un site sacré et majestueux. En pénétrant par l’entrée est, les visiteurs sont accueillis par une vaste terrasse en pierre menant à un labyrinthe de cours et de passages, chacun débouchant sur des trésors architecturaux et des détails sculpturaux fascinants.
Les visages du Bayon : Qui sont-ils ?
L’une des caractéristiques les plus intrigantes du temple est sans aucun doute les 173 visages géants restant sur ses tours. Ces visages, aux expressions douces et souriantes, ont suscité de nombreuses théories sur leur identité. Certains chercheurs pensent qu’ils représentent le roi bouddhiste Jayavarman VII lui-même, tandis que d’autres y voient le Bodhisattva Avalokiteshvara, une figure centrale du bouddhisme Mahayana.
Depuis le début du XXe siècle, diverses études ont été menées pour comprendre la signification de ces visages. En 2003, une équipe japonaise de conservation a créé un modèle 3D du temple, mettant en évidence trois types de visages distincts : Devata (déesse), Deva (dieu) et Asura (démon). Ces classifications reflètent les divinités communes aux traditions bouddhistes et hindoues, soulignant encore davantage la nature syncrétique de la spiritualité khmère.
L’histoire du temple Bayon
Le Bayon a été construit sous le règne de Jayavarman VII (règne de 1181 à 1220), qui est considéré comme l’un des plus grands rois de l’empire khmer. C’est lui qui a transformé Angkor Thom en une ville royale et qui a fait du bouddhisme la religion d’État. Malgré son importance, le nom original du temple reste un mystère. Les premières mentions du nom « Bayon » remontent au XIXe siècle, introduites par les explorateurs français.
Après la mort de Jayavarman VII, le temple subit plusieurs modifications. Sous le règne de Jayavarman VIII, l’empire khmer revient à l’hindouisme, et de nombreuses images bouddhistes du Bayon sont altérées ou détruites. Plus tard, le temple subit de nouvelles transformations sous l’influence du bouddhisme Theravada, avant d’être progressivement abandonné et envahi par la jungle.

Les galeries de bas-reliefs
Les bas-reliefs du Bayon sont un autre aspect frappant du temple, rivalisant en détail et en qualité avec ceux d’Angkor Wat. Les galeries extérieures du temple présentent des scènes historiques et des aspects de la vie quotidienne des Khmers. On peut y voir des représentations de batailles, de processions et de chasses. À l’inverse, les galeries intérieures sont ornées de scènes mythologiques hindoues, mettant en scène des divinités telles que Shiva, Vishnu et Brahma.
Cependant, l’absence de textes explicatifs associés à ces bas-reliefs laisse une grande place à l’interprétation. Les chercheurs ont souvent des avis divergents sur les événements et les légendes que ces sculptures sont censées représenter.
Visiter le temple de Bayon
La visite du Bayon lors d’un voyage au Cambodge est une expérience inoubliable. Ouvert de 7h30 à 17h30, le temple peut également être apprécié de l’extérieur à tout moment de la journée, offrant des vues spectaculaires à la lumière douce du matin ou du soir. En entrant par l’est, les visiteurs traversent une vaste terrasse de pierre qui les conduit dans le cœur labyrinthique du temple.
Il est recommandé d’engager un guide local pour saisir toutes les nuances et les subtilités de ce site complexe. Pour ceux qui préfèrent une visite autonome, de nombreux panneaux et cartes de visite facilitent la navigation. Cependant, prendre un chemin aléatoire peut rapidement devenir déroutant et vous amener à manquer des sections importantes.
Les expositions au temple
En face du coin sud-est des terrains du temple, se trouve une petite cabane d’exposition du Bayon. Bien que modeste, elle offre des affichages utiles pour comprendre les différentes significations des bas-reliefs et une maquette des outils utilisés par les anciens Khmers pour déplacer les lourdes pierres du temple.
Quelques faits sur le temple Bayon
- En 1933, des chercheurs français ont découvert une statue imposante de Bouddha assis sur un naga sous le sanctuaire central du Bayon. Elle a été restaurée et déplacée en 1935 sur la terrasse de Pram Pi Lven, à environ 500 mètres au nord-est du temple.
- Les lions gardiens des quatre entrées du temple varient : ceux de l’entrée est regardent droit devant eux, tandis que ceux des autres entrées regardent vers l’intérieur, indiquant possiblement qu’ils ne laissaient passer que la royauté par l’entrée est.
- En 2007, Peter D. Sharrock, un spécialiste des études khmères, a proposé que les visages du Bayon pourraient représenter le sixième Bouddha suprême tantrique, Vajrasattva, une théorie qui reste contestée par d’autres chercheurs.
Conclusion
Le temple du Bayon est bien plus qu’un simple temple historique cambodgien ; c’est une énigme architecturale et spirituelle qui continue d’intriguer chercheurs et visiteurs. Chaque visage souriant, chaque bas-relief raconte une partie de l’histoire complexe et fascinante de l’empire khmer. En visitant le Bayon, on se plonge non seulement dans l’histoire d’un peuple, mais aussi dans le riche patrimoine spirituel et culturel d’un des plus grands empires d’Asie du Sud-Est. Pour les passionnés d’histoire, d’architecture ou de spiritualité, le Temple de Bayon est une halte indispensable à Angkor.
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